Mercredi 3 mars 2010 - La Commission européenne vient d’autoriser la culture d’une pomme de terre GM. A priori, pas de quoi s’inquiéter nous dit-on. L’Agence européenne de sécurité des aliments juge qu’il n’y a aucun danger. C’est une pomme de terre spécifique, très riche en amidon, produite uniquement à des fins industrielles pour la production de papier. De toute façon, le semancier BASF jure ses grands dieux qu’il ne vise pas le marché français. Le Gouvernement a saisi le Haut conseil des biotechnologies et se réserve, conformément au droit européen, la possibilité de prononcer un moratoire.
Et bien moi je m’inquiète quand même… Pour trois raisons :
1° Les produits dérivés de cette pomme de terre pourront être utilisés pour l’alimentation animale dans un contexte où les règles de traçabilité et d’étiquetage empêchent le consommateur de viande d’opérer un choix transparent en faveur d’une filière garantie sans OGM.
2° La directive de 2001 était un compromis. En échange de la méthode commune d’évaluation des risques associés à la dissémination d’OGM, la Commission avait concédé  l’interdiction des OGM porteurs de gènes présentant une résistance aux antibiotiques. Et voilà qu’aujourd’hui, on  nous dit que la pomme de terre GM autorisée contient un gène de résistance à un antibiotique commercialisé par BASF et utilisé en médecine humaine !
3° Tout ça ne sert à rien ! On sait déjà très bien produire des pommes de terre riches en amidon par sélection naturelle. Aucun  argument d’intérêt général ne peut être avancé pour justifier cette autorisation.
La toute jeune Commission européenne aurait-elle décidé de déterrer « la pomme de guerre » ou bien s’est-elle laissée influencer par l’administration bruxelloise soucieuse de passer en force ? Je trouve personnellement regrettable qu’elle agisse sur le fondement d’une réglementation complètement dépassée, compte tenu de l’évolution sensible de l’opinion publique partout en Europe et de la progression très nette du scepticisme à l’encontre des OGM.