30 novembre 2009 - Le résultat du référendum Suisse de dimanche a relancé le débat concernant le minaret de la Grande Mosquée de Strasbourg.
Un mot d’abord du contexte de l’époque. Quand nous reprenons le dossier des Mosquées de Strasbourg en 2001, la tension est vive dans la ville et l’opposition aux Mosquées est le thème favori de l’extrême droite. Chacun se souvient du conseil municipal en 1998 qui prenait acte de la première décision de principe de construction de la grande Mosquée : la salle du Conseil avait du être évacuée par Roland Ries, alors maire de Strasbourg.
C’est la volonté de faire avancer ce projet dans la concorde qui nous a guidés et le chemin a été long pour apaiser les tensions.
Nous avons rencontré les représentants du monde musulman lors de nombreuses réunions : nous concluons ensemble au soutien nécessaire aux Mosquées de quartier, et prenons l’engagement de réaliser la Grande Mosquée de Strasbourg. Il est clair que les musulmans ont droit à des lieux de culte dignes, afin qu’ils puissent prier dans de bonnes conditions.
Le projet initié par nos prédécesseurs était considérable, pour un montant de 16,8 millions €, avec des financements provenant majoritairement de l’étranger.
J’étais très attachée à l’idée que cette Mosquée, portée et voulue par les Musulmans de Strasbourg, c’est-à-dire ayant fait le choix de vivre dans notre Ville, soit financée par des fonds français et européens, et en aucun cas contrôlée par des Etats étrangers.
C’est pourquoi nous avons proposé d’engager un projet plus raisonnable fixé initialement à 6 millions d’euros qui, avec le soutien fort de la Ville, du Conseil Général et du Conseil régional, pouvait être financé et géré par les musulmans Strasbourgeois. La subvention s’élèvera à 28 % du budget.
Ces contraintes financières ont conduit les porteurs du projet, sous la Présidence de M. Boussouf, à redéfinir le projet : conserver une grande salle de prière, reporter la création de locaux culturels (mis à l’étude) et la construction du minaret. Ce dernier aurait nécessité une modification du POS, compte tenu de sa grande hauteur.
C’est ainsi que le projet a été engagé, et soutenu techniquement par la SERS.
Aujourd’hui, le contexte national a beaucoup progressé s’agissant de la représentation du culte Musulman. Sous l’impulsion du Président Sarkozy, alors Ministre de l’Intérieur, la création du Conseil du Culte Musulman (au niveau National et Régional) a permis d’identifier des partenaires de dialogue.
Le regard sur le culte musulman évolue au fur et à mesure que sa représentation institutionnelle l’inscrit dans notre organisation républicaine. Je forme le vœu que la question de la construction du minaret fasse l’objet d’un débat serein, nourri d’explications et de rencontres.
C’est ainsi que je conçois l’ouverture et le dialogue entre les religions. Les prises de position brutales ne feront que le jeu de l’extrême droite, attisant les réflexes de peur et d’exclusion.
Pour un Islam bien accueilli dans la Capitale de l’Humanisme Rhénan.