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Les fruits de la concorde

26 janvier 2012 Aucun commentaire
Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, le 15 juillet 1801, François Pascal Simon Gérard (1770–1837).
Signature du Concordat entre la France et le Saint-Siège, le 15 juillet 1801, François Pascal Simon Gérard (1770–1837).

Dimanche dernier, François Hollande a exprimé sa volonté d’inscrire dans la Constitution la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État.

Mécaniquement cela remettrait en cause le régime concordataire auquel les Alsaciens et les Mosellans sont attachés.

Que de fois le Concordat d’Alsace-Moselle, héritage napoléonien, a été débattu et mis en question, et ce, souvent par des personnes ne comprenant pas son sens et ne mesurant pas ses vertus.

L’expérience strasbourgeoise et plus largement alsacienne–mosellane livre les fruits de la concorde. La laïcité, telle que pratiquée en Alsace et en Moselle, consiste à privilégier la neutralité à l’indifférence face au fait religieux, qui est avéré.

La non séparation des Eglises et de l’Etat y prend la forme du dialogue et de la
connaissance de l’autre. Ainsi, chrétiens catholiques ou protestants, israélites et musulmans dialoguent, se considèrent mutuellement, font face collectivement et avec responsabilité aux tensions ou difficultés. Ils portent une parole citoyenne et de paix commune auprès de l’opinion publique. Les grandes célébrations républicaines telles que la messe de la Libération en la Cathédrale de Strasbourg ou des événements tels que la pose de la première pierre de la Grande Mosquée de Strasbourg, témoignent de l’intelligence de
la relation entre les autorités publiques et les autorités religieuses.

Le Concordat n’est ni une lubie du passé, ni la volonté pour l’Alsace et la Moselle de s’attacher coûte que coûte à une spécificité. Le Concordat est tout simplement une réussite de dialogue, d’enrichissement et d’apaisement.

Sans envisager sa généralisation, le débat devrait davantage porter sur la possibilité d’utiliser certains outils performants du Concordat sur l’ensemble du territoire national, plutôt que sur la déconstruction d’acquis précieux et fondamentaux en Alsace et Moselle.

Je plaide pour une laïcité de rassemblement et d’échange, plutôt que de cloisonnement. Je continuerai de le faire avec conviction tout au long de la campagne présidentielle.

Roland Ries et Jean-Marc Ayrault proposent d’attendre des précisions sur ce sujet. Elles ne peuvent aller que dans le sens de conforter le modèle du Concordat.

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