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Enquête publique du tram vers Kehl: un projet hors sol

16 octobre 2013 Aucun commentaire

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Communiqué de presse 

 

Les commissaires enquêteurs nommés dans le cadre de l’enquête publique sur

l’extension de la ligne D du tramway vers Kehl ont émis un avis favorable sur le principe

d’une telle extension que nous partageons. Ils ont en revanche émis des réserves sérieuses. Les commissaires enquêteurs demandent que l’urbanisation des zones qui seront traversées par le tram soit inscrite au POS ou dans le PLU. Or à partir de janvier 2014 la modification de ces documents sera figée pour au moins 2ans.

 

Cela démontre que la municipalité a opté pour une méthode et un tracé hors sol, qui ne tiennent pas compte des habitants, qui ne visent pas une urbanisation durable et responsable de l’axe Est-Ouest, qui n’intègrent pas les contraintes budgétaires liées à la crise qui imposent une dépense réfléchie et responsable. Le tout a eu pour résultat de retarder de près d’une dizaine d’année l’extension du tram et de 10 à 20 ans l’urbanisation d’un secteur stratégique.  

 

Un projet hors sol en termes de tracé  

La municipalité dans sa communication a toujours justifié son choix de tracé par le fait qu’il passe au cœur de la zone d’urbanisation Starlette. En réalité il n’irriguera pas ce secteur, il le coupera en deux. En réalité il passera au dessus des habitants, au lieu de les desservir à hauteur d’Homme. C’est la conséquence de la volonté de reproduire les erreurs du passé en reconstruisant un viaduc qui aura les mêmes conséquences que l’ancien Pont Churchill. Le tracé retenu se contentera de relier un archipel « d’ilots d’habitation ». Là où tout l’enjeu aurait été d’effacer les coupures urbaines, on les renforcera.  

 

Un projet hors sol du fait de reflexes politiciens et du temps perdu  

Lorsque l’actuelle municipalité a accédé aux responsabilités en 2008 l’urbanisation de l’axe Est-Ouest avait été bien enclenchée : urbanisation de la Presqu’Ile Malraux, abaissement du Pont Churchill, extension du tramway jusqu’à Aristide Briand, préparation des terrains et surtout des projets prêts à être mis en chantier étaient validés pour le  terrain Starlette, enjeu central de la réussite de l’aménagement de ce secteur, comme la Presqu’Ile le fut pour le secteur Malraux. Cependant le Maire a fait le choix pour des raisons politiciennes d’annuler ce projet et aujourd’hui ce magnifique terrain est appelé à rester une friche traversée par un viaduc de béton jusqu’en 2020, voire  2030. Aujourd’hui aucune urbanisation n’est assurée et rien ne garantit que le tram vers Kehl ne traverse pas durablement un no man’s land. Quelle irresponsabilité et que de  temps perdu ! De plus, si le Maire avait accepté d’étudier les tracés alternatifs, l’extension vers Kehl pourrait déjà être en chantier, dans des secteurs déjà construits.

 

Un projet hors sol en termes de dépense publique  

Le tracé retenu par la municipalité engendrera un surcoût de 20 millions d’euros, par rapport aux tracés alternatifs via le Pont Vauban ou via le Pont d’Anvers, du fait de la construction de deux nouveaux ponts inutiles, dont le Viaduc Starlette. Un surcoût irresponsable en temps de crise, où la ressource publique se raréfie. Ce choix représente autant d’extensions ou de projets non financés pour le reste de l’agglomération. Par ailleurs, les coûts présentés par le Maire sont minorés du fait d’un saucissonnage visant à ne pas inclure les coûts d’aménagement de la rue du Péage  à 16 millions d’euros sans lesquels pourtant l’extension du tram ne peut voir le jour. Le coût total de l’extension doit donc être vu à 110 millions d’euros minimum.  Le coût, mis en rapport avec le potentiel d’habitants desservis aurait conduit une municipalité raisonnable à faire le choix de l’un des deux autres tracés possibles, afin de faire l’économie des dépenses inutiles. De plus, cette ligne aura un impact financier fort pour la CTS en termes d’exploitation de rames dont la fréquentation sera d’une extrême faiblesse tant que les terrains ne seront par urbanisés.

 

Il est à regretter qu’il y ait eu davantage d’empressement dans ce dossier à attribuer les ponts à des promoteurs pour bénéficier de visuels en 3D, de vidéos et d’outils de  communications, qu’à réellement travailler ce dossier en cohérence et dans le fond. Face à l’ensemble de ces éléments nous attendons du Maire, du Président de la CUS  et de la CTS qu’ils donnent des réponses précises, transparentes et complètes, car c’est bien l’ensemble des Strasbourgeois qui seront durablement impactés, tant en termes de finances publiques, que de la qualité de la ville qu’on leur construit.

 

 

 

Fabienne Keller 

 

Conseillère municipale 

et communautaire de 

Strasbourg  

 

Sénatrice du Bas-Rhin 

 

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