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Mettre l’emploi et l’économie au coeur du projet de l’Eurométropole

15 janvier 2015 Aucun commentaire

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Depuis le 1er janvier dernier, la Communauté Urbaine de Strasbourg s’est muée en Eurométropole. Saisissons-nous de cette évolution pour imaginer et mettre en oeuvre des politiques publiques novatrices à la hauteur des défis que doit relever notre agglomération!

En 1966, sous l’impulsion du Général de Gaulle et du gouvernement ainsi que de Pierre Pflimlin, Maire de Strasbourg, le parlement adoptait une loi officialisant la création des Communautés Urbaines en France. Strasbourg était alors pionnière en la matière.

Rapidement, avec beaucoup de courage, Pierre Pflimlin prit la décision en 1972 de regrouper les administrations de la Ville de Strasbourg et de la CUS. Ce regroupement se manifesta concrètement par la création du centre administratif, parc de l’Etoile, ouvert en 1976.

C’était il y a bientôt 40 ans. Strasbourg était alors un modèle. La CUS avait pris une, voire deux longueurs d’avance sur toutes les grandes villes françaises, permettant d’avoir une vision globale de l’aménagement du territoire, d’imaginer des projets novateurs pour Strasbourg mais aussi pour toutes les communes membres.

Depuis le premier janvier 2015, la Communauté Urbaine s’est muée en métropole, une Eurométropole.

Lyon, Bordeaux et d’autres grandes villes profitent de cette évolution pour adopter une administration unique, pour mettre en place des schémas de développement sur l’ensemble de leur territoire.

Depuis quelques années, ils rattrapent Strasbourg et la dépassent même pour certaines métropoles avec des projets novateurs comme le projet « Lyon Confluence » ou le parc des Berges de Bordeaux. Un sondage Opinionway nous apprenait encore récemment que la future Eurométropole de Strasbourg n’arrive qu’en 10ème position des villes où les salariés aimeraient s’installer et travailler.

A Strasbourg, aucune évolution n’est en vue. C’est Robert Herrmann, Président de l’Eurométropole qui l’affirme : « les citoyens -les Eurométropolitains- ne verront rien dans un premier temps : ça ne va pas révolutionner leur quotidien dans les deux ans à venir ».

Qu’en sera-t-il au-delà ? Cette absence cruelle de vision et d’ambition est inquiétante. Là où nos aînés ont su être des moteurs et des visionnaires, les dirigeants d’aujourd’hui ont choisi de subir les événements. Jusque dans les rangs de leur propre majorité, cet immobilisme inquiète.

Pour ma part, je refuse cette fatalité. Je qu’il faut profiter de cette évolution pour faire preuve de créativité et aller plus loin dans nos politiques publiques.

Je propose une vision autour de cinq axes stratégiques qui pourront être discutés et enrichis dans le cadre d’un débat avec les forces vives qui créent l’emploi et qui font rayonner l’ agglomération.

1) Tout d’abord, il m’apparaît essentiel que l’emploi et le développement économique soient au cœur du projet de l’Eurométropole avec par exemple l’adhésion au réseau « Invest in French Metropolises » pour attirer les investisseurs étrangers. Il convient en parallèle de développer, à une échelle bien supérieure, les activités liées au numérique et les plates formes collaboratives.

2) Une poursuite intelligente de la politique des transports me semble impérative pour mailler davantage le réseau existant et faire en sorte qu’il irrigue tous les bassins de vie. L’ouest de l’agglomération doit être ciblé en priorité de Koenigshoffen à Wolfisheim.

3) Pour renforcer son rayonnement, l’Eurométropole se doit d’être au cœur d’un réseau européen des grandes villes. Pour cela, elle devra mener des relations exemplaires et novatrices avec elles.

L’Eurodistrict doit quant à lui être redynamisé et doté de véritables perspectives afin de pouvoir nous appuyer sur la bonne entente franco-allemande dans nos relations à l’internationale.

4) La place de la culture est, selon moi, essentielle. L’Eurométropole doit se doter d’un réseau des acteurs culturels pour décloisonner la culture et créer des synergies.

Je suis favorable à l’organisation de grands évènements à rayonnement européens.

L’Eurométropole pourrait disposer d’un lieu d’accueil et d’échanges artistiques et culturels. Il pourrait être situé sur l’ancien site de la Coop et inclure une sorte de ruche dédiée aux musiques actuelles, aux cultures urbaines et aux industries créatives numériques.

5) Ce développement de l’Eurométropole doit naturellement se faire dans le respect indispensable des Maires, acteurs responsables et engagés dans leurs territoires. Il est essentiel qu’ils soient associés au processus décisionnel.

Par ailleurs, il me semble fondamental de développer une véritable démocratie de proximité pour que les habitants de la Métropole participent pleinement à l’élaboration des projets.

Ce passage en Eurométropole, s’il est mal négocié comme le laissent à penser les préparatifs, peut fragiliser notre statut de capitale européenne mais aussi régionale, statut déjà sujet à débat dans le cadre de la réforme territoriale.

Si cette nouvelle collectivité permet de fédérer toutes les énergies créatives, nous pouvons être plus forts face à la compétition que se livrent les grandes villes européennes. Strasbourg et les communes de la métropole en bénéficieraient mais aussi toute l’Alsace.

C’est ce retour à une vision ambitieuse que j’appelle de mes vœux !

 

Fabienne keller

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